Tuesday, November 25, 2008

expérience = substance

Dans Le Bergsonisme, Gilles Deleuze affirme que, pour Bergson,
la « durée pure » est « changement » qui est la substance même, la
« donnée immédiate » d’un devenir qui dure. Mais de quoi est-elle faite, cette substance ? En cherchant dans mon coffre à trésors jamesien, il me vient à l’esprit que la substance à partir de laquelle tout se compose n’est ni plus ni moins que « l’expérience ».

La « durée pure » est encore une « multiplicité hétérogène », précise-t-il. Et cette multiplicité est virtuelle, et aussi continue, et surtout irréductible au nombre. Le seul nombre pouvant être considéré est l’unicité à laquelle se réfère le multiple, soit l’individualité dans le cadre duquel ce dernier se réalise, me dis-je.

Le multiple doit donc se référer à tout ce qui compose la substance que l’on vient d’appeler expérience, soit toutes les lignes de convergeance qui guident l'expérience vers elle-même, centre de son propre univers.

L’expérience respire : elle inspire affect et expire émotion. Elle est ce vers quoi culmine le multiple et ce qui façonne l’unique.

La durée pure pourrait ainsi être confondue avec ce souffle de vie virtuel : une quantité qualitative qui cadre l'expérience pour la projetter vers l'accomplissement de son plein potentiel.



1 comment:

Erin Manning said...

expire émotion est intéressant comme idée: je crois que ce n'est pas faux, mais que ce n'est pas non plus toujours le cas. Il y a dans l'expérience - comme tu sais - tout un côté imperceptible, inexprimable. Affectif. Donc ce qui devient expérience ne devient pas nécessairement "actuellement" vécu - c'est-à-dire "divisé" en émotions. Peut-être que les émotions ne seraient que des effets secondaires d'une force de vie encore et toujours que quasi-actuelle?