Wednesday, November 5, 2008

Objectiver le temps subjectif


“If one compares cinema with such time-based arts as, say, ballet or music,
cinema stands out as giving time visible, real form.

Once recorded on film, the phenomenon is there, given and immutable,

even when the time is intensely subjective.”

Andrey Tarkovsky, Sculpting Time (Knopf, 1986), p.118.

Voici un instant. Quelconque. Des bulles de savon qui se promènent au gré du vent, immortalisées sur bande vidéo. Plan-séquence qui part du néant vers l’infini. Lors du visionnement, qu’est-ce qui ressortira du cadre pour venir chercher le spectateur?

Une image est une porte. Un passage vers un monde. Une fois en contact avec le spectateur, l’auteur s’efface et l’image acquiert vie propre, devient véhicule d’un sentiment. Objectif, l’appellerait Suzanne Langer. Déjà Tarkovski, c’est de « vérité absolue » qu’il parle. Pour lui, l’image exprime et incarne la vie elle-même ; c’est dans la mesure que l’image s’étend au-delà du film pour atteindre multiples aspects de la vie, qu’elle est vraie, qu'elle rayonne et vibre de son propre temps, son rythme. Dans la façon dont le temps est exprimé, l’auteur vient chercher le spectateur pour l’allier à ce sentiment objectivé à travers le rythme inculqué dans le plan.

Mais chaque fois que la même image est jouée, elle sera différente pour moi car chaque fois elle résonnera dans un espace différent. Le mien. Son rythme vibrera dans mon intérieur dans un instant différent. Alors, si un temps subjectif peut être objectivé à travers l’art cinématographique, le sentiment objectif exprimé, lui, s’élance vers l’infiniment possible.


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