Deleuze nous dit que le mouvement est indivisible. Cette idée est difficile à réconcilier avec la malléabilité, ou l'ouverture, que Deleuze semble pourtant supposer au mouvement. Comment peut-on jouer avec le mouvement si l'on ne peut le diviser, le compartimenter, le disséquer? Et, si l'on met en rapport, comme le fait Deleuze, notre façon de concevoir le mouvement plus strictement physique avec le mouvement plus abstrait de la pensée, comment peut-on penser de façon plus libre et résister à la tentation de découper notre réflexion en moments se rapportant sur un continuum, se rapportant à un tout, qui sans être donné, est envisagé comme donnable?
La métaphore du fil m'apparaît comme une façon de réconcilier cette indivisibilité/malléabilité du mouvement. Ce fil, ténu ou épais, qui se promène entre des ensembles (ou des moments?) artificiellement clos, qui les lie et les ouvre en même temps à un tout changeant, permet de penser l'apparent paradoxe du mouvement à la fois irréductible et ouvert. Après tout, si le fil est une matière concrète avec un début et une fin assurant un lien spatial entre des éléments (qu'on peut diviser sans en changer la nature, d'une certaine façon...), on peut néanmoins voir dans ce même fil une substance malléable, étirable, qui peut revenir en arrière, composer, décomposer, recomposer, lier, délier et relier encore ces éléments pour les inscrire dans la durée et le changement.
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