Wednesday, September 10, 2008

La vision surhumaine

La fonction du cinéma est-elle de recréer l’imagination humaine en proposant une vision pouvant se fragmenter, se déformer et voyager à travers le temps?

Le processus de reproduction et d’enregistrement du mouvement que nous propose le cinéma a été élaboré en raison d’un désir éprouvé par l’homme de voir la réalité se recréer devant ses yeux. Si l’homme a poussé plus loin la découverte de la photographie en cherchant à créer des images en mouvement, c’est qu’il poursuivait un désir de reproduire le monde tel qu’il le perçoit.

Deleuze considère que les mouvements de caméra les plus complexes permettent au cinéma de proposer une vision « surhumaine ». Par son simple mouvement, la caméra ne peut pourtant surpasser la vision de l’homme puisqu’elle se doit d’être guidée par ce dernier. Sur une plate-forme mouvante, l’homme peut être en mesure de percevoir les mêmes mouvements que toute caméra placé sur une grue. Le passage de la caméra fixe à la caméra amovible constitue davantage une façon de se rapprocher de la vision humaine qu’une manière de la dépasser. La caméra mobile et l’émancipation de la prise de vue ne sont pas nécessairement des moyens de dépasser la perception naturelle, comme le suggère Deleuze, mais plutôt des méthodes servant à modifier la réalité en la représentant de façon plus attrayante.

Ce qui permet réellement à la vision cinématographique de se distinguer de celle l’homme est son aptitude à interrompre le mouvement, à sauter d’un lieu à l’autre par le biais du montage, à offrir une limitation précise par son cadrage et à modifier sa profondeur de champ. Il est vrai que le cinéma offre une représentation pouvant dépasser la réalité de l’homme, mais il ne parvient pourtant jamais à dépasser son imagination. L’homme cherche-t-il vraiment à recréer sa réalité?Ne cherche-t-il pas plutôt à illustrer son imaginaire?

1 comment:

Charlie said...

Le plan cinématographique offre une image dont les limites ont été précisément choisies. Pour Deleuze, le cinéma ne tente en aucun cas de reproduire la réalité du monde extérieur. Son rôle est de présenter une vision subjective en sélectionnant une partie d’un tout à l’intérieur des limites d’un cadre.

La perception du cinéma ne peut reproduire la sensation offerte par la réalité. Le spectateur n’est jamais complètement impliqué dans l’œuvre projetée devant ses yeux puisque son corps se situe à l’extérieur de celle-ci. Il demeure détaché face à la représentation sur une surface plane d’un monde devenu image.