Thursday, September 18, 2008

Le plan d'immanence

Le plan d’immanence est absolu en lui-même, il n’est ni intérieur ni extérieur à un autre quelconque plan, ne dépend pas d’un sujet ni d’un objet. Il est donc un système ouvert où l’ensemble de toutes les images qui le composent sont en perpétuel mouvement. Et chaque image dans ce système est mouvement. Image-mouvement/espace-temps. Un composé de croisements, de relations qui se font et se défont au gré de conjonctions et disjonctions. Puisque le mouvement s’étale en durée, cette dernière permet que tout ne soit donné tout de suite. Sans mouvement, il n’y aurait pas de changement, d’action possible, rien n’arriverait, tout ne serait que fixité. Ainsi, c’est le mouvement qui confère possibilité d’évolution infinie à toutes les images et, par conséquent, au plan d’immanence. Le possible, c’est l’ouverture suprême sur un virtuel toujours en devenir. Le mouvement est donc ce passage du virtuel au plan de matière, qui le définit tout en ne jamais l’enfermant dans un état quelconque car l’image est mouvement. Le plan d’immanence est, de ce fait, incommensurablement illimité. On y entre et on en sort par n’importe quelle relation ; il n’y a pas de début ni fin, mais seulement un infini clapotis qui s’écoule en ondulations.

L’univers en tant que métacinéma m'amène à l’idée que - tout comme chaque élément à l’intérieur d’un film est judicieusement relié à tous les autres - tout ce qui existe dans cette toile, ici appelée le plan d’immanence, est intrinsèquement relié. En conséquence, le plan d’immanence pourrait-il être considéré comme ce qui relie les nuages au ciel et la pluie à la Terre et au mouvement des vagues dans la Mer ? Si nous pouvons ici voir un terme philosophique pour « Dieu », il faudrait croire que Dieu n’est pas en dehors de l’univers, mais bien à l’intérieur même de cet univers dont chaque minuscule particule compose le tout. Ainsi, la philosophie ramène le divin à l’intérieur de chacun de nous et le fait vivre à travers chaque pierre, chaque goutte de pluie, chaque bloc d’espace-temps.

« …ce n’est pas la conscience qui est lumière [phénoménologie], c’est l’ensemble des images, ou la lumière, qui est conscience, immanente à la matière. »
(Deleuze, L’image-mouvement, Les éditions de Minuit, p. 90.)

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