Tuesday, September 30, 2008

Vers une image-son ?

J’aimerais revenir sur le commentaire de Mathieu à propos de l’importance du son dans le cinéma d’animation. Bien sûr, il est évident que le son et l'image sont deux entités séparées. Par contre, au niveau de la perception, elles ne forment qu'un. Bien qu’il soit encore trop tôt pour moi de parler d'une image-son, je crois que l’image possède la force de s'approprier le son. Par exemple, les petits écarts entre le visuel et le sonore dans Synchrony passent inaperçus étant donné que le tout bouge si rapidement. Aussitôt le concept du film compris, on ne se pose plus de question sur le synchronisme entre les deux. Alors le rythme, causé par le mouvement des images, entraîne l‘impression que l’un va automatiquement avec l’autre même si ce n’est pas toujours le cas. Nous prenons pour acquis que pour chaque forme ou mouvement il y aura un bruit, ce qui donne le sentiment que le son provient directement de l’image.

C’est autre chose dans les films de Lipsett. À première vue, il n’y a aucun lien entre ce qu’on voit et ce que l’on entend. Les enregistrements radio, les voix, la musique et les bruits forment une bande sonore indépendante. Cependant, cette bande sonore transforme les images. Ainsi, les images fixes semblent émettre des sons (ou une ambiance sonore) qui donnent à leur tour un effet de mouvement aux images, ce qui donne ensuite l’impression que le son provient directement de ce que l’on voit. Le son appartient maintenant aux images et une signification (ou l’affect qui peut mener à une signification ou une interprétation) résulte de leur addition. De cette manière, lorsqu’on voit, en image fixe, un gros plan de quelqu’un d’horrifié avec la bouche ouverte en même temps que l’on entend un coup de gong, nous percevons un seul événement au lieu de deux : un cri. Le son et l’image ne forment qu’une signification, malgré leur provenance. C’est un peu le constat qu’a fait Eisenstein dans ses écrits sur le son en additionnant l’image et le son sous forme de dialectique. Bien sûr, la théorie d’Eisenstein est limitative et pas entièrement développée. Il s’agit plutôt d’un point de départ pour une image-son qui comportera sans doute autant de variétés qu’une image-mouvement.

1 comment:

Erin Manning said...

Très bien dit! C'est tout à fait le concept d'audio-vision de Michel Chion.