Tuesday, September 23, 2008

L'image-perception et le discours indirect libre

Les concepts de subjectivité et d’objectivité sont déjà assez compliqués lorsqu’il s’agit de l’existence humaine, reprendre ces mêmes concepts au niveau de la création artistique est loin de simplifier le tout.

Premièrement, l’art naît toujours d’un choix, d’un point de vue. L’objectivité n’est alors qu’une illusion. Au cinéma, il y a le réalisateur qui décide ce qu’il y a à l’intérieur d’un plan et l’ordre dans lequel les plans seront présentés aux spectateurs. Le Tout, l’œuvre en elle-même, est donc le résultat de la subjectivité de l’artiste (j’inclus en « l’artiste » tous ceux qui exercent une influence de près ou de loin sur le film, le cinéma étant un art collectif). Il est donc nécessaire de revoir la dichotomie entre l’objectivité et la subjectivité.

Dans le chapitre « l’image-perception», Deleuze, en reprenant des concepts de linguistique ainsi que de Pasolini, explique qu’une « image-perception subjective est un discours direct; et; d’une manière plus compliquée, qu’une image-perception objective est comme un discours indirect (Deleuze, 106) » avant d’avancer que selon Pasolini « l’image cinématographique ne correspondait ni à un discours direct ni à un discours indirect, mais à un discours indirect libre ». Ce « discours indirect libre » est la capacité de l’auteur à transformer le point de vue du personnage à l’aide de la conscience-caméra et de ses procédés stylistiques. De cette manière, la vision du personnage devient celle du créateur. C’est ce qui caractérise le « cinéma de la poésie ».

Par contre, est-ce que ce « discours indirect libre » est présent dans toutes les images cinématographiques ou uniquement dans celles où la caméra se fait sentir? Advenant que c’est le deuxième cas, comme Pasolini semble le croire en limitant les exemples à Antonioni et Godard, comment peut-on qualifier la perception opposée (lorsque la présence de la caméra est effacée)?

1 comment:

Anonymous said...

Le discours indirect libre élaboré par Pasolini fait référence à un cinéma d'auteur, un «cinéma de la poésie» et à la forme. Toutefois, ta question n'est pas bête en soi. Est-ce possible que ce «discours indirect libre» soit présent dans toutes les images cinématographiques?

Il serait difficile de percevoir une «conscience-caméra» dans un film commercial où les schèmes sensori-moteurs ne prévalent qu'à l'intérieur des image-actions. Toutefois, à l'intérieur de tout film il a certainement de nombreuses images reflétant une caméra participative et consciente.

Par le choix des plans, du montage et du rythme, l'auteur offre une forme filmique qui lui est propre. Une subjectivité d'ordre formel et stylistique. Sa perception de la vie et de la condition humaine, nous est livré dans son art.

L'auteur et la «conscience-caméra», ne vont-ils pas l'un sans l'autre? Ne serait-il pas justement cet élément décrit par Deleuze et Pasolini qui définit un Auteur?