Comme l’a souligné Charlie, L’Année Dernière à Marienbad est un très bon exemple pour illustrer la puissance du faux.
« La passion devient l’élément essentiel de ce cinéma parce que, à l’inverse de l’action, elle noue des narrations falsifiantes à des descriptions pures » (Deleuze, p.177).
Cette phrase de Deleuze énonce un paradoxe cinématographique: comment tromper le concret d’une image? D’un coté, l’image est concrète, elle est ce qu’elle est. Nous voyons des couleurs, des formes, des mouvements, de l’espace, le temps passer, etc. En ce sens, le cinéma est très fréquemment constitué de descriptions pures. Par contre, cette image visuelle n’est pas uniquement ce qui forme l’image cinématographique. La narration (autant le développement de l’histoire que la voix off) peut confronter ces images, nier le concret, ce que l’on voit. Je crois que c’est ce que Resnais et Robbe-Grillet ont réussit à accomplir avec le film. Nous voyons des descriptions pures après d’autres descriptions pures et chacune nie la précédente. Dans chaque plan, il y a de l’addition et/ou de la soustraction qui change le souvenir d’une image. Cette image, qui est vraie parce qu’elle est elle-même, devient alors fausse dans un contexte narratif. Toutefois, je crois que ce qui est exprimé dans le film de Resnais n’est pas unique à ce film, mais bien une exagération de ce qui se trouve dans la grande majorité des films (avec l’apport du montage, etc.). C’est peut-être aussi contre cela que Tarkovski se rebelle dans Le temps scellé, lorsqu’il veut retrouver la vérité de l’image ou lorsqu’il privilégie le plan-séquence au montage.
Wednesday, October 29, 2008
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