Monday, October 13, 2008

Tarkovski, l’image-caractère et l’animation

Dans « Le temps scellé », Tarkovski décrit un autre type d’image : l’image-caractère. « Voilà le paradoxe : l’image-caractère est l’expression la plus complète de ce qui est typique, mais le mieux elle l’exprime, le plus elle devient individuelle et unique (p.133) ». Je sais très bien que Tarkovski est un grand fervent du réalisme et de la simplicité, mais je me demande ce qui en est de cette affirmation pour une animation plus abstraite. Une animation dessinée ne sera jamais la chose représentée, mais le caractère exprimé par l’image-mouvement et l’image-son peut lui proférer un caractère plus vrai que la chose elle-même. Par exemple, un animateur dessine des courbes et des lignes sous une musique jazz de manière que les dessins deviennent des notes. Il est évident que ce ne sont pas des notes réelles, mais si l’alliance entre l’image et le son est bien effectuée, le tout devient identifiable. Serait-ce cette fameuse image-caractère qui exprime le typique de cette image afin de la rendre individuelle et unique?

2 comments:

Geneviève said...

La lecture de Sculpting in Time de Tarkovski m'a également amené à me questionner sur la différence entre le cinéma en prise de vue 'réelle' et le cinéma d'animation. Pour Tarkovski, la recherche d'une forme adéquate pour saisir la vérité et l'aspiration vers un absolu semblent intrinsèquement liés à l'idée de réalisme (p. 113). Sa conception du cinéma apparaît peu appropriée pour mieux comprendre le cinéma dit d'animation. Lorsqu'il parle du cinéma comme une façon de donner une forme visible au temps, d'enregistrer le temps dans un cadre, puis de sculpter ce temps en respectant son cours, sa pression, il est difficile (il m'est difficile en tout cas) de ne pas concevoir ce temps comme, à tout le moins au départ, réel, comme provenant de la réalité. Mais alors que fait-on du cinéma d'animation? Que fait-on avec un film comme Camera Take 5, où le mouvement n'est pas tant enregistré mais plutôt créé, qu'il émerge d'on ne sait trop où, et auquel on ne peut appliquer une notion traditionnelle du montage? Si le montage cinématographique «brings together time, imprinted in the segments of film» (Tarkovski, 119), est-ce qu'on peut supposer que cette opération, dans un cas comme Camera Take 5, s'articule dans le geste même de l'animateur?

Unknown said...

La temporalité dans le cinéma d'animation semble bien différente que dans le cinéma de Tarkovsky. Prenons le plan-séquence par exemple. Jamais il ne sera possible de faire une image-temps tel un plan-séquence en animation. Étant donné que le cinéma d'animation est un travail fragmentaire et ce, par des millions de couches et de collures, il devient difficile de parler d'image-caractère. Le temps scellé a ainsi plusieurs emballages. Il n'en demeure pas moins qui révèle un caractère très vivifiant par ces révélations tri-dimentionnelles.